Le premier cours d'état-major au Maroc (15 juin-29 août 1942)


Si l'encadrement des troupes françaises d'Afrique du Nord ne posa pas de trop graves problèmes - en raison du grand nombre d'officiers et de sous-officiers de carrière venant de France qui continuèrent à y affluer après l'Armistice, il n'en fut pas de même du fonctionnement des états-majors, et surtout de la préparation de ceux-ci pour de futures grandes unités, au cas de mobilisation et de nouveaux conflits.


Le nombre des officiers brevetés étant relativement réduit, il fallut faire tenir de nombreux postes dans les bureaux des états-majors de territoire ou de divisions territoriales par des officiers de troupe qui, de façon générale, surent s'adapter et se révélèrent efficaces, mais il devint rapidement évident qu'il fallait les préparer à jouer leur rôle en cas d'opérations actives.


Les accords d'armistice interdisant toute préparation de cet ordre, le haut commandement des forces terrestres en Afrique du Nord dut se résoudre à permettre à chacun des trois territoires d'entreprendre cette formation avec le maximum de discrétion, à l'insu des commissions d'armistice allemande et italienne.


En ce, qui concerne plus spécialement le Maroc, rappelons pour mémoire que les effectifs y autorisés s'élevaient à 24 793 européens et 22 000 indigènes, mais qu'avec l'appoint des formations de défense dites territoriales et des troupes rapatriées du Levant ils finirent par atteindre vers le 1er novembre 1942 près de 55 000 hommes.


Le commandant supérieur, le général LASCROUX, décida dès le début de mai 1942 la création d'un cours d'état-major, qui s'échelonna sur onze semaines à partir du 15 juin, pour 24 officiers stagiaires des différentes armes.


Les sept premières semaines furent occupées par des conférences et des séances d'information dirigées par les officiers des bureaux de l'état-major des troupes du Maroc de Rabat, de courts stages d'armes et des exercices de cadres en salle ou sur le terrain - avec même un exercice pratique à bord du croiseur Primauguet, pour se terminer par la présentation d'un tabor, à effectif complet.


Dans la huitième semaine, les stagiaires furent répartis en quatre groupes qui allèrent renforcer des états-majors de groupements interarmes pour des manœuvres, respectivement dans les régions de Mediouna-Fedala, Safi, Port-Lyautey, Si-Allal-el-Tazi, Rabat.


Mais la période la plus vivante et la plus féconde - pendant laquelle les officiers révélèrent le mieux leurs aptitudes et leur personnalité, fut celle du 10 au 22 août, occupée par un grand exercice de cadres sur le terrain en région montagneuse, sous la direction du lieutenant-colonel EON et des chefs d'escadrons BEZEGHER et CAZENAVE.


C'est ainsi que furent étudiés l'organisation et le fonctionnement d'un poste de commandement de groupe mobile dans les différentes situations de défensive ou d'offensive ; les élèves rayonnant à cheval dans le Moyen-Atlas autour de deux camps de base : Dar-el-Haroussi, à 12 km au sud d'Oulmes, Ajdir et les bords de l’Aguelmane Azigza, dans la région de Kenifra.


Ils purent surtout pénétrer des difficultés énormes que présenteraient éventuellement les questions de 4e bureau (la « logistique » n'était pas encore à la mode...), en raison de la pénurie extrême dans laquelle se trouvait le Maroc avant le débarquement, dans le domaine des matériels de toute nature - et surtout automobile et transmissions malgré les fabrications et les stockages clandestins.

 

*

*      *

 

Les vingt-quatre stagiaires de ce cours - dont nous n'avons pu retrouver l'arme avec exactitude, étaient le commandant FRANCK et vingt-trois capitaines, dont les noms suivent, dans l'ordre alphabétique :

 

BEZANGER Maurice

CANN

CARLOT

COMIOT

DE FRANCE

DELORT René-Baptiste

DE TARRAGON Bernard-Marie-Louis-Lionel

DEWATRE

GŒURY

GUIBERT

HACHETTE

JACQUOT Marcel

JAQUOT André

JAUBERT

KLEIN

LAURENT

MIRAMBEAU

MORICHERE

PIGNOLY

RAYNAUD

ROUSSEAU

SERRAZ

SICARD

 

Leur choix avait été dans l'ensemble fort heureux et ils rendirent les meilleurs services dans les états-majors de grandes unités, tant en Italie qu'après le débarquement en France et, plus tard, dans la campagne d'Allemagne.


Presque tous suivirent ultérieurement les cours réguliers de l'École d'état-major et de l'École supérieure de guerre. Beaucoup parvinrent à des postes élevés de la hiérarchie et deux au moins - les commandants DE TARRAGON et DELORT, sont morts au champ d'honneur.


Nous saluons ici avec émotion leur mémoire.

 

Article du général BEZEGHER paru dans le Bulletin trimestriel des Amis de l’École supérieure de guerre n°42 (janvier-avril 1969).



Si l'encadrement des troupes françaises d'Afrique du Nord ne posa pas de trop graves problèmes - en raison du grand nombre d'officiers et de sous-officiers de carrière venant de France qui continuèrent à y affluer après l'Armistice, il n'en fut pas de même du fonctionnement des états-majors, et surtout de la préparation de ceux-ci pour de futures grandes unités, au cas de mobilisation et de nouveaux conflits.


Le nombre des officiers brevetés étant relativement réduit, il fallut faire tenir de nombreux postes dans les bureaux des états-majors de territoire ou de divisions territoriales par des officiers de troupe qui, de façon générale, surent s'adapter et se révélèrent efficaces, mais il devint rapidement évident qu'il fallait les préparer à jouer leur rôle en cas d'opérations actives.


Les accords d'armistice interdisant toute préparation de cet ordre, le haut commandement des forces terrestres en Afrique du Nord dut se résoudre à permettre à chacun des trois territoires d'entreprendre cette formation avec le maximum de discrétion, à l'insu des commissions d'armistice allemande et italienne.


En ce, qui concerne plus spécialement le Maroc, rappelons pour mémoire que les effectifs y autorisés s'élevaient à 24 793 européens et 22 000 indigènes, mais qu'avec l'appoint des formations de défense dites territoriales et des troupes rapatriées du Levant ils finirent par atteindre vers le 1er novembre 1942 près de 55 000 hommes.


Le commandant supérieur, le général LASCROUX, décida dès le début de mai 1942 la création d'un cours d'état-major, qui s'échelonna sur onze semaines à partir du 15 juin, pour 24 officiers stagiaires des différentes armes.


Les sept premières semaines furent occupées par des conférences et des séances d'information dirigées par les officiers des bureaux de l'état-major des troupes du Maroc de Rabat, de courts stages d'armes et des exercices de cadres en salle ou sur le terrain - avec même un exercice pratique à bord du croiseur Primauguet, pour se terminer par la présentation d'un tabor, à effectif complet.


Dans la huitième semaine, les stagiaires furent répartis en quatre groupes qui allèrent renforcer des états-majors de groupements interarmes pour des manœuvres, respectivement dans les régions de Mediouna-Fedala, Safi, Port-Lyautey, Si-Allal-el-Tazi, Rabat.


Mais la période la plus vivante et la plus féconde - pendant laquelle les officiers révélèrent le mieux leurs aptitudes et leur personnalité, fut celle du 10 au 22 août, occupée par un grand exercice de cadres sur le terrain en région montagneuse, sous la direction du lieutenant-colonel EON et des chefs d'escadrons BEZEGHER et CAZENAVE.


C'est ainsi que furent étudiés l'organisation et le fonctionnement d'un poste de commandement de groupe mobile dans les différentes situations de défensive ou d'offensive ; les élèves rayonnant à cheval dans le Moyen-Atlas autour de deux camps de base : Dar-el-Haroussi, à 12 km au sud d'Oulmes, Ajdir et les bords de l’Aguelmane Azigza, dans la région de Kenifra.


Ils purent surtout pénétrer des difficultés énormes que présenteraient éventuellement les questions de 4e bureau (la « logistique » n'était pas encore à la mode...), en raison de la pénurie extrême dans laquelle se trouvait le Maroc avant le débarquement, dans le domaine des matériels de toute nature - et surtout automobile et transmissions malgré les fabrications et les stockages clandestins.

 

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Les vingt-quatre stagiaires de ce cours - dont nous n'avons pu retrouver l'arme avec exactitude, étaient le commandant FRANCK et vingt-trois capitaines, dont les noms suivent, dans l'ordre alphabétique :

 

BEZANGER Maurice

CANN

CARLOT

COMIOT

DE FRANCE

DELORT

DE TARRAGON Bernard-Marie-Louis-Lionel

DEWATRE

GŒURY

GUIBERT

HACHETTE

JACQUOT Marcel

JAQUOT André

JAUBERT

KLEIN

LAURENT

MIRAMBEAU

MORICHERE

PIGNOLY

RAYNAUD

ROUSSEAU

SERRAZ

SICARD

 

Leur choix avait été dans l'ensemble fort heureux et ils rendirent les meilleurs services dans les états-majors de grandes unités, tant en Italie qu'après le débarquement en France et, plus tard, dans la campagne d'Allemagne.


Presque tous suivirent ultérieurement les cours réguliers de l'École d'état-major et de l'École supérieure de guerre. Beaucoup parvinrent à des postes élevés de la hiérarchie et deux au moins - les commandants DE TARRAGON et DELORT, sont morts au champ d'honneur.


Nous saluons ici avec émotion leur mémoire.

 

Article du général BEZEGHER paru dans le Bulletin trimestriel des Amis de l’École supérieure de guerre n°42 (janvier-avril 1969).


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