SARCHI François-Philippe
François-Philippe
Sarchi est né le 24 août 1764 à Gradisca-d'Isonzo, en Frioul-Vénétie Julienne, sous
le nom de Samuel Morpurgo ; son père est Elia Morpurgo, grand-rabbin de
Gradisca.
Le jeune
Samuel commence ses études avec un précepteur, Raffaele Luzzatto, mais il est
renvoyé pour vol. Il poursuit alors sa scolarité à partir de 1782 au lycée des
Scopoli où l'enseignement est prodigué en latin et en allemand.
En 1787,
il part suivre ses études supérieures à Vienne, en Autriche. Il s'inscrit en
droit et en philosophie. Sa famille prend en 1788 le nom de Sarchi.
Il se
convertit temporairement et devient chrétien en 1790 ; sa conversion
pourrait être liée aux circonstances, puisqu'il se reconvertit plus tard au
judaïsme.
Docteur
en droit, il devient le premier titulaire de la chaire d'italien à la faculté
de droit de l'université de Vienne en 1794, et est officiellement nommé
professeur l'année suivante. Il est membre de l'Académie royale de Florence et
de l'académie des Arcades de Rome.
Il publie
alors ses trois premiers ouvrages : un manuel d'italien à l'usage de ses
étudiants allemands, Theoretisch-praktische italienische Sprachlehre (1795),
une grammaire italienne, Grammatica italiana (1795) et un recueil de
poèmes italiens, Ape poetica o il fior da fiore delle migliorie poesie
italiane (1797). Il collabore aussi à des œuvres de son père, et reste
titulaire de sa chaire d'italien jusqu'en 1806. En avril 1798, il épouse Franziska
Schmidt ; le couple aura six enfants.
Partisan
enthousiaste de Napoléon Bonaparte, il déménage à Trieste où il devient notaire
impérial et royal à partir de 1806. Il s'y reconvertit au judaïsme en 1807 et
entre à la loge maçonnique Vedovella. Mais il est expulsé de Trieste en
1809 en raison de ses idées politiques et t religieuses.
En
janvier 1813, Sarchi adresse un mémoire à l'administration des Provinces
illyriennes ; il y prend la défense des Juifs, et demande au gouvernement
français de soutenir la promotion humaine notamment par des moyens pédagogiques.
Il est ensuite momentanément précepteur des enfants du duc d'Otrante, alors
gouverneur des Provinces illyriennes. La même année, devant l'avance des armées
de la Sixième Coalition, il s'échappe et se réfugie à Paris.
Il partage
alors son temps entre Paris et Londres, devient consultant juridique, professeur
d'italien, traducteur et interprète juré.
La police
politique française le surveille sous la Restauration : ses opinions
bonapartistes, ses voyages, ses liens avec les pays et les ressortissants
étrangers, les journaux en caractères hébreux qu'il reçoit lui attirent à Paris
l'attention de la police politique, qui le surveille une première fois en 1821,
et de nouveau en 1825-1827. Les rapports de police le décrivent alors comme un
vieil homme d'un caractère extrêmement ardent et acrimonieux, bien que
cacochyme, de peu de ressources, au discours attestant de « mauvaises »
doctrines politiques, regrettant Bonaparte, et fréquentant assidûment les
synagogues. En 1824, il quitte Paris pour Londres, puis revient à Paris.
Philippe
Sarchi se consacre à des études hébraïques, portant notamment sur la
littérature, la philologie et la grammaire hébraïques. Polyglotte et de solide
formation classique, il maîtrise au moins l'hébreu, le grec, l'araméen, le
latin, l'arabe, l'italien, l'allemand, le yiddish, le français, l'anglais. Il
écrit ses œuvres et ses contributions successivement ou alternativement en
allemand, en italien, en français, en anglais. Il les signe Morpurgo, Sarchi,
M. Sarchi, Filippo Sarchi, Samuel Sarchi, Philip Sarchi, Philippe Sarchi.
En 1817,
il collabore à l'Israélite français, et y écrit des « articles
remarquables ». Il collabore aussi notamment à La Minerve littéraire, où
il publie des articles sur la poésie arabe, sur la poésie italienne, et
diverses contributions et recensions. Il publie par ailleurs un almanach. De
1819 à 1821, il est professeur d’italien à l’École d’application d’état-major. Veuf,
il se remarie avec Henriette Salom dont il a un fils.
Il écrit
en anglais et fait paraître à Londres en 1824 An Essay on hebrew Poetry
ancient and modern, un essai sur la poésie hébraïque au fil des âges qui va
des textes sacrés aux auteurs modernes. Il s'attache surtout aux figures
employées en poésie, les classe par analogie, à partir des livres poétiques de
la Bible, s'étend à la rhétorique, passe en revue l'histoire abrégée de la
littérature hébraïque, et recense les influences grecques et latines sur les
compositions poétiques récentes en hébreu.
Philippe
Sarchi publie ensuite en 1827 sa Grammaire hébraïque raisonnée et comparée.
Ce nouvel ouvrage est lui aussi bien accueilli par la communauté scientifique,
avec de longues recensions positives. Cette grammaire est plusieurs fois
rééditée, avec ajouts et corrections, puis copiée ou prolongée par d'autres
auteurs.
François-Philippe
Sarchi est membre de la Société asiatique de Paris, de l'Académie de Florence
et de l'académie des Arcades de Rome.
François-Philippe
Sarchi est décédé en 1830 à Paris (Seine).
Source :
BNF.